Billy

Ils traversèrent Shadow Creek en fin d’après-midi. Il n’y a pas de pendu, se dit Cameron comme la diligence s’enfonçait dans Billy.

Le visage de Magic Child portait une expression de plaisir. Elle était heureuse d’être chez elle. Elle était partie depuis des mois, envoyée en mission par Miss Hawkline, et les deux hommes étaient assis là à côté d’elle. Elle était impatiente de revoir Miss Hawkline. Elles auraient beaucoup de choses à se raconter. Elle pourrait parler de Portland à Miss Hawkline.

La respiration de Magic Child s’était faite plus rapide en anticipation d’un contact sexuel avec Greer et Cameron. Naturellement, Greer et Cameron ne savaient pas encore qu’ils baiseraient bientôt avec Magic Child.

Ils avaient bien remarqué que sa respiration avait changé mais ils en ignoraient la raison. Ils pensaient qu’elle était simplement contente de rentrer.

A l’heure du souper, Billy était une Ville bruyante. Le vent transportait une forte odeur de viande et de pommes de terre. Toutes les portes et toutes les fenêtres de Billy étaient ouvertes. Il avait fait très chaud ce jour-là et l’on pouvait entendre les gens manger et bavarder.

Billy se composait d’une bonne soixantaine de maisons et de hangars bâtis sur les deux rives du creek qui coulait dans un canyon dont les pentes, couvertes de genévriers, répandaient une odeur poivrée.

Billy possédait trois bars, un café, un magasin important, un forgeron et une église. Mais 0n n’y trouvait ni hôtel, ni banque, ni médecin.

Il y avait un marshal, officier de police municipale, mais pas de prison. Le marshal n’en avait pas besoin. Il s’appelait Jack Williams, et il était capable à l’occasion d’être un véritable salaud. Pour lui, enfermer un homme dans une prison était pure perte de temps. Si quelqu’un à Billy troublait l’ordre public, Jack Williams lui foutait son poing sur la gueule et le jetait dans la rivière. Le reste du temps il dirigeait un saloon très accueillant, The Jack Williams House, et tous les matins il payait un verre à l’ivrogne municipal.

Derrière l’église se trouvait un cimetière et le pasteur, un certain Fredrick Calms, passait son temps à faire des quêtes pour la construction d’une clôture autour du cimetière, parce que les cerfs y pénétraient pour brouter les fleurs et autres végétaux sur les tombes.

Pour une raison demeurée mystérieuse, le pasteur devenait furieux dès qu’il apercevait les cerfs au milieu des tombes, et il se mettait à jurer effroyablement, mais personne ne prit jamais très au sérieux son désir de clôturer le cimetière.

Les gens s’en foutaient complètement.

— Alors, il y a des cerfs dans le cimetière. En voilà une affaire. De toute façon le pasteur est un peu cinglé. Voilà ce que disaient les gens de Billy quand on leur parlait de cette fameuse clôture autour du cimetière.